Personnellement, je m’efforce de plus en plus de regarder ce qu’on a coutume d’appeler le conspirationnisme depuis un point de vu politique. Dès lors on se doit d’être beaucoup plus subtile que ceux qui préfèrent en rire ou plus « froid » ceux que cela conduit au bord de la crise de nerf. « Pour moi, ces troubles ne m’incitent ni aux rires ni aux pleurs ; plutôt développent-ils en moi le désir de philosopher et de mieux observer la nature humaine » écrivait déjà Spinoza dans une lettre à Oldenburg (1665), et je pense qu’il avait vu juste. On a souvent le réflexe de tourner en dérision les théories du complot, ou bien de se lamenter à leur sujet, mais ce n’est que rarement qu’on s’efforce de comprendre profondément ce qui conduit à leur émergence. Le meilleur article qu’il m’ait été donné de lire jusque là à ce propos est un article de Frédéric Lordon intitulé « Conspirationnisme : la paille et la poutre » où il conduit, d’une part, une analyse brillante sur les conditions d’apparition des théories du complot et où, d’autre part, il montre que les plus « complotistes » ne sont pas ceux qu’on croit. Un article indispensable, donc, car loin des lieux communs.
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